Diagnostic
Coup de tonnerre dans un ciel orageux, il est tombé en janvier de cette année 2013.
Comme une pierre dans mon jardin, comme un cheveu sur ma soupe, comme une dépêche de l'AFP, il est tombé :
F84.5, autrement nommé syndrome d'Asperger.
Moi, je préfère dire que je suis autiste. C'est joli autiste, c'est bien mieux qu'égoïste, dentiste ou fasciste non ? Et puis çà ressemble à artiste ...
Il y a sur le web pléthore de témoignages d'autistes et j'ai longtemps hésité avant d'en commettre un moi-même. Je n'ai pas l'intention de créer un blog " sur " l'autisme, mais plutôt, très égocentriquement (ne pas confondre avec égoïstement), un blog sur moi.
Je n'ai pas l'intention non plus, du moins dans un premier temps, de faire connaître ce blog, le hasard du web s'en chargera si tel est son destin. Mon but n'est pas de me faire des amis, mais plutôt de permettre à mes rares amis de mieux me connaître.
Mais alors pourquoi écrire ? Pourquoi ne pas tout simplement décrocher mon téléphone et me confier à ces mêmes amis ?
Parce que justement, je suis autiste.
Parce que la conscience que j'ai d'exister, la conscience de ma propre identité, est disons très floue, morcelée en une myriade de tableaux que j'ai grande difficultés à assembler pour en faire un ensemble cohérent. Pour faire simple, je suis incapable d'avoir une vision d'ensemble de qui je suis, de mon passé, de mon présent, etc.. Et donc l'écriture m'aide, me semble t'il, à mettre un peu d'ordre dans ce puzzle intérieur confus.
Parce qu'entre parler de soi de vive voix à un autre être humain et s'exprimer par écrit, seule devant mon clavier, il y a un monde pour moi : le monde de la communication.
Entre le moment où j'ai commencé à rédiger ce texte et aujourd'hui, il s'est passé plusieurs jours. Tout est dit non ?
Plusieurs jours pour trouver les bons mots, plusieurs jours pour parvenir à exprimer si peu de choses.Seule l'écriture me permet de prendre ainsi mon temps, de trouver le bon mot, d'aller au plus près de ce que je veux transmettre, de ce que je ressens.
Lorsque je suis face à un interlocuteur je n'ai qu'une alternative : soit je reste coite, mutique, malgré mon envie de parler, de répondre à ses questions. Soit, étant incapable de hiérarchiser les données que je veux transmettre, je m'envole dans des logorrhées interminables où je me perds moi-même.
J'ai pris conscience très jeune que la télépathie n'est qu'un mythe et que personne ne peut lire en moi, qu'il faut exprimer les choses d'une façon ou d'une autre pour être entendue, comprise mais ma maladresse, voire mon incapacité à le faire ont fait de ma vie un invraisemblable malentendu.
Je fais beaucoup de bruit avec ma bouche... mais je communique très peu. Comprenne qui pourra, voudra...
Ce blog sera donc une succession de tableaux, de réflexions, sans liens d'aucune sorte.